En 2011, la Fondation Digger a organisé et mené à bien une importante opération de déminage à Ouadi Doum au nord du Tchad, sur les lieux d’une ancienne base militaire libyenne qui, depuis sa reconquête par l’armée tchadienne en 1987, étaient restées au centre d’une ceinture de mines large de 100 m en moyenne et s’allongeant sur 47 km, considérée comme le plus grand champ de mines connu du pays.
En 2010, on estimait que 300 000 Tchadiens vivaient dans des zones à hauts risques, principalement dans les provinces septentrionales, où se trouve la plus grande partie des mines antipersonnel et des mines antichar (fabriquées notamment aux États-Unis et dans plusieurs pays européen), ainsi que des munitions non explosées. Ces engins sont principalement dispersés en dehors de champs de mines et ces derniers n’étaient jamais signalés ou interdits d’accès par des barrières au moment de la signature du Traité d’Ottawa, en 1998. Les mines infestent souvent les rares zones, dans cette région désertique, qui sont propres à l’élevage et à l’agriculture. Elles entravent les déplacements, en particulier des éleveurs nomades, déciment les troupeaux de chameaux, restreignent l’accès aux oasis. Leurs victimes sont en grande majorité des enfants et parmi les adultes, des civils. Durant les années 2000, les programmes de déminage ont souvent été interrompus faute de financement.
L’opération menée par la Fondation Digger sur dix mois, avec une équipe d’une dizaine de personnes, avait pour seul bailleur de fonds la Direction suisse du développement et de la coopération (DDC), pour un total de 1,125 million de francs suisses. Le coût de la fabrication de cette machine, non compris dans le budget alloué par la DDC, a été couvert par le fruit des recherches de fonds de la Fondation.
Conçue en collaboration avec le Centre national du déminage tchadien, le projet consistait, de part et d’autre des chemins d’accès du village de Ouadi Doum, à déminer directement les zones présentant les risques les plus faibles, et d’autre part à contrôler, par des sondages réguliers, le déminage manuel accompli par l’ONG britannique MAG dans les zones à hauts risques. Ainsi, les voies d’accès sûres ont pu être élargies de plusieurs kilomètres, permettant le passage sans risque des troupeaux. Au total, 420’000 mètres carrés ont été libérées. La forte proportion de mines antichar (jusqu’à un tiers) empêchait d’utiliser la machine pour le déminage de toute la superficie, bien que la résistance de la machine elle-même à l’explosion exceptionnelle d’une telle mine ait été testée et démontrée.
Pour remplir ce double objectif, la Fondation Digger a employé une de ses machines de déminage de type D-3, blindée, télécommandée, munie de caméras et équipée pour la première fois de la technologie GPS-RTK, permettant un positionnement très précis. La formation de personnel local au déminage constituait une autre part cruciale du projet.
L’opération s’est avérée être un succès total, malgré les conditions extrêmement dures dans lesquelles elle s’est déroulée et les problèmes de logistique et d’approvisionnement, notamment en carburant, aggravés par l’éclatement, à la même époque, de la guerre civile libyenne.