Serge Rufener : « En 2011, je me rendis au Tchad pour la Fondation Digger qui organisait une opération de déminage, avec l'une de ses machines, dans le nord du pays. Quand je suis arrivé à N'Djaména, mon collègue Patrick m'accueillit dans le quartier général. Il me montra ma chambre, puis la salle de bain (nous avions des salles de bain séparées). Dans cette pièce, il me dit : "Fais attention, parce que le soir, l'eau vient à manquer parfois." Puis, me montrant une bassine, il ajouta : "Quand il y a de l'eau, remplis la bassine, de façon à pouvoir te laver quand même le soir, même s'il n'y en a plus au réseau." C'était un bon conseil, mais habitué comme je l'étais aux conditions de vie européennes, je ne le suivis pas. Quelques jours plus tard, je décidai de prendre une douche un soir. Je me mouille, je me savonne à fond, mais quand j'ouvre à nouveau le robinet, plus rien n'en sort! Alors... j'ai bien ri. J'ai dû traverser le bureau où Patrick bossait, avec ma serviette de bain autour de ma taille et surtout enduit de savon. Je le regarde, il me regarde. Il comprit ce qui s'était passé sans je dise un mot. Je suis allé dans sa salle de bain chercher sa bassine remplie d'eau. C'était drôle. Comme quoi, on ne se rend plus compte que quand on n'a plus d'eau au réseau, la vie devient tout de suite nettement plus compliquée... »