Raphaël Augsburger : « Nous avons eu l'occasion de tester la résistance de notre machine de déminage D-2 à l'explosion d'une mine anti-char. Une mine anti-char, c'est une mine qui peut détruire un char de cinquante tonnes et nous allions l'attaquer avec notre machine de moins de dix tonnes, que nous avions passé plusieurs mois à construire. Inutile de dire que nous avions vraiment un sentiment très spécial ! La machine avançait, son outil a frappé la mine, et... rien. La mine n'a pas explosé. Un fléau a détruit le détonateur et la mine a été désactivée, mais sans exploser. Nous avons dû recommencer encore une fois. Il y eut alors la grosse explosion que nous attendions, un immense nuage de fumée, un immense bruit, des flammes. Une fois que tout s'est calmé, nous sommes sortis du bunker pour aller constater les dégâts. La machine elle-même était intacte, mais il manquait le déflecteur, une grande pièce de plus de 100 kg à l'avant de la machine. Lors de l'explosion, nous avions bien vu quelque chose s'envoler et retomber dans un marais voisin, et quand nous nous sommes approchés nous avons pu constater que c'était effectivement cette pièce. Au téléphone, le directeur de la Fondation Digger m'a dit : "Faites tout votre possible pour la récupérer parce que c'est vraiment important que je puisse l'analyser". Quand il faut y aller, il faut y aller ! Nous avions de l'eau en-dessus des cuisses, presque aux hanches. Nous avons essayé de rouler cette pièce, de la tirer comme on a pu, en s'agrippant aux arbres et à force de patauger, nous avons réussi à extraire cette pièce de la tourbe. À croire que c'était aussi notre résistance qui était testée. »