C'était en 2006, dans un petit village du Soudan du Sud appelé Keyala. Il me fallait tester la machine, une D-2, et je demandai alors à un démineur soudanais, avec qui nous travaillions, de nous trouver un agriculteur qui accepterait de nous prêter un terrain dans les parages. Un peu plus tard, il m'en présenta un, à qui j'expliquai ce que la machine faisait. Il m'écouta et me conduisit dans un ancien champ de manioc, où je pus procéder à tous les tests nécessaires. Le soir venu, au campement, le démineur vint vers moi et me dit que le propriétaire du champ était venu et tenait absolument à me parler. J'allai à sa rencontre, me demandant ce qu'il pouvait bien me vouloir. Je m'interrogeais encore plus quand je remarquai, pendant que nous discutions, qu'il cachait quelque chose dans son dos. Il finit par me montrer ce que c'était : un magnifique coq qu'il m'offrait pour me remercier d'avoir labouré son champ, comme probablement jamais il ne l'avait été. Son cadeau, aussi incongru qu'il puisse paraître aussi loin du Soudan que nous sommes, était assurément précieux et j'étais très touché par son geste.