On prend conscience de la valeur des choses quand elles viennent à nous manquer. En Suisse, rares sont les occasions de se rendre compte à quel point l'eau courante et potable est un luxe; dans un pays comme le Soudan du Sud ces occasions arrivent plusieurs fois par jour comme a pu le constater Nathan Kunz, lorsqu'il s'y trouvait en 2007, pour les besoins d'une opération de déminage renforcée par une machine de la Fondation Digger : « Comme il faisait généralement très chaud, on avait toujours besoin de prendre une bouteille d'eau avec nous, parce que si on allait travailler ou si on allait en ville pour rencontrer quelqu'un, on ne savait pas forcément si on trouverait de l'eau potable. Même si nous logions dans une maison en ville, on avait généralement de l'eau courante pendant une à deux heures par jour seulement. Dès lors qu'on avait de l'eau, on devait remplir des bassines pour en avoir suffisamment de réserve. Et souvent aussi dès que l'eau revenait, on se passait le mot, se disant : "Ah, l'eau courante est revenue !" et tout le monde profitait pour prendre sa douche. Cela me rappelait qu'on était bien chanceux d'avoir de temps en temps quand même de l'eau courante et de l'eau potable dans une bouteille. »