Gentien Piaget se souvient : « Il arrive que nous ayons un mandat de deux à trois semaines à la place d’armes de Bière (canton de Vaud) durant la période sans tirs. En effet dans la zone des cibles, la végétation risque de prendre feu ; aussi nous devons effectuer une tranchée dans la forêt pour empêcher qu’un éventuel incendie se propage. De plus, la flore et la faune y est très particulière et sa préservation est au cœur de notre mandat. Les tranchées que nous devons pratiquer servent donc principalement à séparer la forêt « normale » du biotope particulier de la zone des cibles. Durant ce mandat en particulier, nous étions plusieurs juniors chez DIGGER et notamment deux opérateurs qui avions pour tâche de nous faire la main sur notre nouvelle machine à l’époque : la D-3. C'était un matin à la fin du mois d'octobre 2010. Le temps est beau mais frais. Nous commençons notre travail journalier tout en sachant que nous devrons déplacer la machine de quelques centaines de mètres dans environ deux heures pour une démonstration. En effet tous les intervenants de ce mandat veulent voir la nouvelle génération de machine dont ils ont tellement entendu parler. C’est l’occasion aussi de voir les résultats et pourquoi pas, faire un peu de publicité. En tant que nouveaux à la fondation nous sommes un peu stressés à l’idée de cette démonstration bien qu’elle s’annonce pour le mieux : la machine fonctionne à merveille, le temps est parfait et nous connaissons le terrain. Seulement voilà, environ une heure avant le début de la réunion, la machine passe sur une souche et tourne juste assez pour faire sortir la chenille de son guide. Voilà notre machine coincée dans un terrain en pente sans motricité d’un côté, et avec l’impossibilité de faire venir les outils à bord d’un véhicule. Le stress monte car nous n’avions jamais eu ce cas de figure auparavant et dans une heure nos clients seront sur place pour une démonstration. Nous apportons les outils nécessaires au pas de course et, bien que le temps restant ne semble simplement pas suffire pour remettre en état la machine, nous tentons le coup. Avec mon collègue nous détendons le tendeur de chenille, nous l’ouvrons et la tirons et poussons avec des leviers, tout en nous aidant de la traction de la machine ainsi que de ses bras : un déplacement de quelques centimètres est nécessaire pour que tout rentre dans l’ordre. Une fois la chenille dans son guide nous refermons tant bien que mal les écrous de verrouillage, retendons le tendeur du mieux que nous pouvons compte tenu des circonstances. Enfin, le cœur battant nous démarrons le moteur et nous nous mettons en route vers le lieu de la démonstration en espérant que nos convives aient un peu de retard. En fait lorsque la machine leur apparut sortant de la forêt, le groupe venait d’être au complet. Nous arrivions comme si de rien n’était pour présenter la machine et procéder à la démonstration. Tout s’est ensuite très bien passé et seul un œil attentif aura remarqué que deux personnes du groupe étaient en T-shirt comportant des traces d’humidité dans le dos et sous les bras alors que les autres étaient en vestes. Ce fut un beau moment de complicité avec mon collègue. »